La légende de la Loba


« La Loba a pour unique tâche de ramasser des os. Elle a la réputation de ramasser et de conserver surtout ce qui risque d’être perdu pour le monde.
Sa caverne est pleine d’os de toutes sortes appartenant aux créatures du désert : cerfs, serpents à sonnettes, corbeaux, mais on la dit spécialiste des loups.
Elle arpente les montagnes et les arroyos, le lit desséché des rivières, et les passe au crible à la recherche d’os de loups. Lorsqu’elle est parvenue à reconstituer le squelette dans sa totalité, lorsque le dernier os est en place et que la belle architecture blanche de l’animal est au sol devant elle, elle s’assoit auprès du feu et réfléchit au chant qu’elle va chanter.
Quand elle a trouvé, elle se lève et, les mains tendues au-dessus de la criatura, elle chante. C’est alors que la cage thoracique et les os des pattes du loup se recouvrent de chair et que sa fourrure pousse.
La Loba chante encore et la bête s’incarne un peu plus ; sa queue puissante et recourbée se dresse.
La Loba chante encore et la créature se met à respirer.
La Loba chante toujours, un chant si profond que le sol du désert tremble et pendant qu’elle chante la bête ouvre les yeux et détale dans le canyon.
Quelque part durant sa course, soit du fait de sa vitesse, soit parce qu’elle traverse une rivière à la nage, elle se transforme soudain en une femme qui court avec de grands éclats de rire vers l’horizon libre.
C’est pourquoi on raconte que si vous errez dans le désert au coucher du soleil, peut-être un tout petit peu égaré et sans doute fatigué, vous avez de la chance, car la Loba peut vous prendre en sympathie et vous montrer quelque chose, quelque chose qui appartient à l’âme. »

Clarissa Pinkola Estès, extrait du livre « Femmes qui courent avec les loups »


« Si l'os représente l'indestructible force vitale qui est en nous, si au niveau de la psyché il représente tout ce qu'il y a de plus positif - c’est-à dire le moi profond retrouvé os par os avec l’aide de la Loba, (...) on ne peut plus voir tes peintures de squelettes de chevaux au premier degré. Si on les considère comme des symboles de l'âme retrouvée ils perdent leur côté macabre.
Si en plus tu y associe des images de lieux chargés d'histoire (comme Berlin) on comprend ta démarche d'artiste, à la fois comme recherche de ta propre vérité et comme expérience propre à faire sortir, ou à révéler ce qui est du domaine de la mémoire des hommes et de l'inconscient collectif. »

Anne-Marie Casseau, peintre, lettre à Jean-Pierre Garrault 2010

« Le bal de la Loba », un ensemble composé de plusieurs séries:

Vertillum, Belzébuth Requiem et Artio, Berlin et Leningrad

"Le bal de la Loba, Vertillum"
"Le bal de la Loba, Belzébuth"
"Le bal de la Loba, Requiem"
"Le bal de la Loba, Artio"